SCÉNARIO BANDE DESSINÉE

LE CAPITAINE BOSSARD

Vous pouvez présenter votre scénario sous forme de texte uniquement, dans ce cas vous numérotez et décrivez sommairement les images, ou bien vous pouvez faire des petits dessins très simples, en mettant quelques explications ou les dialogues en dessous.

Imaginez et scénarisez la partie du texte qui manque :

> Au poste 37, l’agitation gagnait les esprits, l’issue de la bataille ne faisait plus aucun doute. La mauvaise nouvelle s’était d’ailleurs répandue comme une traînée de poudre et on attendait avec impatience ce qui avait été décidé par l’état major. Un capitaine avait été envoyé, il devait arriver d’un instant à l’autre. Toute la compagnie scrutait l’horizon.

> Il était déjà 17 heures quand…

> …(à vous de jouer !)

> … Ce Julien Bossard était un tout jeune capitaine. C’était là sa première campagne et il ne s’attendait visiblement pas à un tel accueil !

> Intérêts de la séquence :

Comment présenter un personnage en quelques plans… Qu’est ce que ça implique ?
Quelle stratégie adopter ? Que faut-il savoir du personnage ?
Que faut-il donner comme informations au lecteur ?
Comment montrer que ce personnage va avoir une importance dans la suite du récit ?

{mospagebreak title=realisation de l’etudiante}

La réalisation de l’étudiant

 

Situation : au poste 37, l’agitation gagnait les esprits, l’issue de la bataille ne faisait plus aucun doute. La mauvaise nouvelle s’était d’ailleurs répandue comme une traînée de poudre et on attendait avec impatience ce qui avait été décidé par l’état major. Un capitaine avait été envoyé, il devait arriver d’un instant à l’autre. Toute la compagnie scrute l’horizon.

Image 1

Il était déjà 17 heures quand…

Vue partielle d’un camp militaire. Deux hommes surveillent l’horizon avec des jumelles. Ils sont appuyés contre un talus de sacs. Par terre, deux autres soldats jouent aux cartes.

Image 2

L’un des joueurs voit le général arriver.

Le premier joueur :

– Tiens, mais c’est le général !

Le second joueur :

– Ils vous auraient pas donné quelques bouteilles à l’état major mon général ?

Image 3

Le général se tient face à eux, droit comme un i, les mains dans le dos.

Le général :

– Non soldat, ils m’ont donné l’ordre d’évacuer sur le champs !

Image 4

Un des observateurs :

Partir, mon général ? Mais le capitaine Bossard n’est pas encore revenu !

Image 5

Le général :

– Capitaine qui ?

L’observateur :

– Capitaine Julien Bossard mon général, un sacré p’tit gars !

Le second joueur :

– ça pour sûr il a du cran.

Le deuxième observateur :

– Ah ça pour avoir du cran, il a du cran le p’tit ! S’il pouvait juste éviter de se tromper de côté quand il tire…

Image 7

Les autres éclatent de rire sauf le premier observateur (et le général).

Le 1er observateur

– Rigolez tiens !! N’empêche que sans lui, je s’rais pas là….

 Image 8

Le premier observateur se tourne vers le deuxième joueur.

Le premier observateur :

– …Et toi non plus Norbert !!

Le deuxième joueur rentre la tête dans les épaules en marmonnant.

Le deuxième joueur :

– C’était surtout un gros coup de bol oui !!

Image 9

Le général commence à s’impatienter.

Le général :

– Bref !!! Qu’il ait du cran ou pas, s’il n’est pas là dans heure, on lève le camp sans…

Image 10

Le deuxième observateur est surexcité et désigne l’horizon du doigt :

Le deuxième observateur :

– Regardez, le voilà !!!

Dans les jumelles du soldat, on voit effectivement la silhouette d’un homme, épuisé, arrivant en titubant jusqu’au camp.

Image 12

La capitaine Bossard arrive exténué au niveau du camp. Il est couvert de boue. Il enjambe un talus de sacs, aidé des deux observateurs.

Le premier observateur :

– Bien content de te revoir p’tit gars !!! et sur tes 2 pieds !!!

Image 13

Le général est soudain furieux et se plante devant le capitaine qui n’a pas fini d’enjamber le talus.

Le général :

– Comment ça sur ses deux pieds ?! Où est votre cheval capitaine ?

Le capitaine :

– Mais… Mon…

image 14

Le général :

– Comment ça « mais » !! Vous vous croyez où ? chez les fantassins ? C’est la cavalerie ici. Sans cheval vous n’êtes rien. Vous allez me le récupérer immédiatement !! (il désigne le camp adverse dans un geste grandiloquent).

Le capitaine :

– Mais mon général, il est… mort !!

image 15

Le général est ulcéré.

Le général :

– MORT ???

Image 16

Il s’en retourne furieux.

Le général :

– Ah ça !! Ca ne se passera pas comme ça. C’est moi qui vous le dis !!

Image 17

Le capitaine regarde le général s’éloigner complètement abasourdi. Derrière lui, le premier observateur, blasé.

Le 1er observateur :

– T’inquiètes petit ! On s’habitue…

Ce Julien Bossard était un tout jeune capitaine. C’était là sa première campagne et il ne s’attendait visiblement pas à un tel accueil.

Le commentaire de L’iconograf

Tout d’abord une remarque sur l’ensemble, nous entrerons dans les détails plus bas.
Le récit est bien structuré, tu fais bien monter le suspens sur le capitaine, ce qui fait que son arrivée est bien mise en valeur.
Le fait de dire qu’il tire parfois dans le mauvais sens (mauvais exemple sur lui) mais qu’il les a sauvés (bon exemple sur lui) fait qu’on se demande quel genre de personnage c’est. Et comme notre curiosité est titillée, on a hâte d’en savoir plus.
C’est bien écrit, je « vois » déjà les images dans ma tête quand je lis.

Parlons d’abord de ce que tu as écrit :
Je trouve que des images comme la 2 et la 5 pourraient être découpées en 2 images chacune, en effet il se dit beaucoup de choses, et si tu veux insister sur les expressions des personnages qui parlent, tu es obligée de te rapprocher d’eux… Ce qui fait que tu ne peux pas les voir tous dans la même case sous peine d’avoir une case surchargée.

Pour ce qui est de l’image 10, je crois qu’il va être difficile de montrer graphiquement à la fois un type heureux en train de regarder dans ses jumelles, et en même temps ce qu’il voit dans ses jumelles. Et comme en plus c’est le moment de présentation du capitaine Bossard, je pense que tu peux davantage insister dessus. Finalement, avoir d’abord l’homme qui est content de voir quelque chose dans ses jumelles. On ne sait pas encore quoi, il peut dire un mot comme : « hourrah ». Puis dans une deuxième case, voir ce qu’il voit dans ses jumelles. Et alors seulement il dit en texte off (c’est le terme que j’emploie quand je mets le texte d’un personnage qui est hors-champ (hors-champ, c’est le terme que j’emploie quand un personne fait une action en dehors de l’image, c’est à dire de ce qui est dessiné)); il peut donc dire en texte off : « regardez, le voilà !!! »

Et maintenant passons à ce que tu n’as pas écrit :
Dans un premier temps, j’ai cherché partout de quelle guerre il pouvait bien s’agir… Mais je n’ai pas trouvé. Comme je suis un passionné de la première guerre mondiale, j’ai vu les personnages dans des costumes de Bonhommes (c’est comme ça que les soldats s’appelaient entre eux… Seuls les gens de l’arrière les appelaient des Poilus, et ils n’aimaient donc pas ce terme). Ça peut ne pas te sembler important de définir la guerre à ce stade, mais ce qui est bien quand on écrit un récit « historique », c’est de trouver des anecdotes spécifiques et que les gens ne connaissent pas (voir le petit mot sur les Bonhommes et les Poilus). Mais pour ça, il faut le savoir à l’avance, lire des livres, voir des films, visionner des CD ROMS (etc…) sur la période pour se mettre bien dans le bain. Puis on laisse reposer la documentation accumulée dans un coin de sa tête, et quand on se met à écrire quelques jours plus tard, on est dans le bain et les choses qui nous ont le plus marquées reviennent.

Pour parler de TON texte, je dirai que le langage employé par les persos est le même qu’aujourd’hui, ce qui est dommage parce tu pourrais glisser dedans des expressions d’époque (vu qu’il y est question d’un cheval, je me dis que ce n’est pas une guerre contemporaine) dans tes dialogues pour les rendre plus vivants.

Ensuite, un petit truc me gène, même si c’est bien amené dans ton script… Je dis ça parce que j’ai fait mon service militaire 😉
En effet, le général est un type rigide, et ses soldats le connaissent bien (un type dit à Bossard qu’il s’habituera. Mais alors, forts de cette connaissance du type, je ne crois pas qu’ils lui demanderaient en le voyant s’il a ramené à boire. Ça, c’est ce qu’on demande à un copain. Devant l’arrivée d’un général, on se met au garde-à-vous en lâchant ses cartes et ses jumelles… Surtout si c’est une peau de vache.
De plus, un général ne se déplace jamais seul, il a au moins une ordonnance et un petit groupe de soldats pour le protéger. Ensuite, un général ne vient pas voir les soldats personnellement sur le front pour leur annoncer le repli. Car en cas de coup dur, la mort d’un général est plus préjudiciable que la mort d’un soldat. C’est rare les gens qui ont le sens tactique, ça ne se remplace pas si facilement. Eh oui, les armées protègent les élites.

Et pour finir sur un truc de mise en scène :
L’arrivée du capitaine pourrait être bien plus spectaculaire !! En effet, après que le soldat l’ait vu approcher dans ses jumelles, les ennemis dans le dos du capitaine pourraient ouvrir le feu sur lui. Le capitaine est donc obligé de slalomer, ça pète partout autour de lui. Ses potes dans les tranchées tirent aussi pour le couvrir (ils laissent donc cartes et jumelles pour prendre leurs fusils), et ils ne le récupèrent que d’extrême justesse.
UN, ça donne de l’action et donc du rythme à ton récit (je ne sais d’ailleurs pas combien de pages tu veux en faire), ce qui n’est pas désagréable pour le lecteur, surtout quand il lit une histoire de guerre, pas vrai ?
DEUX, ça donnera plus de force à l’argument du général qui lui demande d’aller rechercher son cheval. Parce que là, le lecteur sait à quel point c’est suicidaire, et donc à quel point le général est un con.
Pour finir sur le général et les rapports avec le capitaine, afin de bien les tendre tout en les crédibilisant : Quand le déluge de feu qui suit le capitaine débute, le général peut avoir peur, alors il se jette au sol dans la boue ! Quand Bossard arrive de justesse, plein d’adrénaline il se moque de ce type un peu lâche et mains sur la tête qui a sauté dans une flaque de boue. Puis ledit type se relève et Bossard voit que c’est un général (la gaffe). Ce dernier est donc vexé et va user de son pouvoir pour enfoncer Bossard. Il trouve n’importe quel prétexte à la con, ce qui le définit bien.
Si tu fais une histoire longue, cela pose déjà leurs relations, et on se dit que le pauvre Bossard n’a pas fini d’en chier.

Voilà ce que je dis de ton boulot, j’espère que cela te sera utile. Ah, je tiens à préciser que les exemples de scènes que je donne (course sous les balles, général dans la boue etc…) ne sont qu’indicatives et qu’elles en font que souligner ce qui me semble pouvoir être amélioré (ce qui est le but d’une correction après tout…).

Donc il n’est pas obligatoire d’appliquer à la lettre ces scènes, mais trouve ton propre moyen de donner plus de rythme et de tendre pour une raison précise les relations entre les deux personnages principaux.
Trouve aussi un moyen de bien amener le général et ce sera parfait : Tu auras à la fois présenté un personnage, son ennemi et le monde dans lequel il évolue !!! Travaille bien !!!

L’iconograf