Une bonne raison de mise en scène bien sûr, et qui pourrait être dans le cas présent : « je veux mettre le lecteur dans la peau de quelqu’un qui s’approche du personnage assis en lui tournant autour ».
Dans l’illustration ci-contre, la symétrie qui se dégage de ces deux images est ce que l’on voit en premier. C’est ce qui domine tout et vous avez même du mal à voir le reste.
Voilà pourquoi la symétrie n’est pas copine avec la mise en scène, il faut toujours qu’elle prenne le dessus !
De plus, dans cet exemple, la symétrie nie le temps.
En effet, c’est comme si vous mettiez deux appareils photo de chaque côté du personnage, que vous preniez les photos et que vous présentiez les deux prises de vue l’une à la suite de l’autre …
Or, il faut avoir à l’esprit, qu’en narration séquentielle, le lecteur met instinctivement une notion de temps entre deux images qui se suivent. Il naît alors la contradiction c’est en même temps / ce n’est pas en même temps
.
Il suffit, pour rompre la symétrie, de faire bouger légèrement le personnage, vous rendez alors au lecteur la notion de temps sur laquelle il s’appuie pour lire.
Dans la seconde proposition, le cadreur a tout fait pour rompre la symétrie sur cette deuxième image tout en gardant l’angle de vue opposé :
– zoom avant plus marqué,
– léger mouvement de la tête,
– autre disposition du ciel pour entourer complètement le personnage assis de jaune,
– disparition du petit avant-plan jaune foncé.
La symétrie peut toutefois être utile dans certains cas, par exemple pour souligner une disposition particulière des éléments narratifs:
– rangée symétrique de soldats au garde à vous (la mise en scène souligne le côté strict de l’alignement),
– mise en évidence d’une opposition entre deux personnages qui se font face, etc…
Comme quoi, en création, toute règle a toujours de bonnes raisons d’être transgressée.